Pourquoi retenir une chanson est parfois plus facile qu’un cours ?
En ce moment, j’aide mon adolescente à réviser son bac, et on s’est fait la réflexion il y a quelques jours : on arrive à retenir des paroles de chansons, voire à se souvenir de morceaux qu’on n’a pas écoutés depuis des années.
Mais retenir les informations d’un cours, c’est souvent bien plus laborieux…
Pourquoi certaines choses « rentrent » facilement… et d’autres s’évaporent aussitôt ?
Ce n’est pas une question de mémoire défaillante ou de paresse. C’est une question de fonctionnement du cerveau.
Apprendre, ce n’est pas juste “emmagasiner des infos” : c’est transformer physiquement son cerveau. Dans cet article, on va découvrir ensemble les mécanismes clés de l’apprentissage cérébral. Que tu sois parent, enseignante ou enseignant, adulte en reconversion ou simplement curieuse ou curieux, tu verras ce qui se passe dans ta tête quand tu apprends – et moi aussi, je continue d’apprendre à chaque étape.
Prête ? Prêt ? Voici les 4 clés pour apprendre mieux : la plasticité, l’attention, la mémoire et l’émotion.
1. Apprendre, c’est changer le cerveau (Neuroplasticité)
Apprendre, ce n’est pas simplement accumuler des informations comme on remplirait un tiroir. C’est bien plus : c’est transformer physiquement son cerveau grâce à un phénomène appelé la neuroplasticité.
🧠 La neuroplasticité, c’est la capacité du cerveau à modifier ses connexions neuronales en fonction des expériences et des apprentissages. Les neurones (c’est le petit nom qu’on donne aux cellules nerveuses) communiquent entre eux par des connexions appelées synapses. Lorsqu’on apprend, ces connexions se renforcent, s’affaiblissent, ou de nouvelles apparaissent – c’est comme si le cerveau réorganisait et créait de nouveaux chemins pour mieux transmettre l’information.
La métaphore qui est souvent utilisée est celle de la forêt dense, dans laquelle les chemins se façonnent en fonction de là où on marche. Apprendre, c’est comme tracer de nouveaux chemins, ou élargir ceux qu’on utilise le plus, pour aller plus vite et plus loin.
Par exemple, quand un enfant apprend à lire ou qu’un adulte s’entraîne à faire des figures de danse, ce sont ces changements dans les réseaux neuronaux qui permettent de progresser et d’automatiser ces compétences.
📌 À retenir : ton cerveau peut apprendre toute ta vie, à condition d’être stimulé régulièrement et de manière adaptée.
2. Attention : la porte d’entrée de l’apprentissage
Avant même de mémoriser ou de comprendre quelque chose, il faut d’abord que notre cerveau décide d’y prêter attention. C’est une étape essentielle : sans attention, rien ne rentre vraiment.
🔍 L’attention agit comme un filtre cérébral : elle sélectionne ce qu’on va traiter, et laisse le reste de côté. C’est un mécanisme à la fois automatique et contrôlable. Il existe différentes formes d’attention :
- Soutenue, quand on reste concentré longtemps sur une tâche,
- Sélective, quand on se focalise sur un seul élément malgré les distractions,
- Partagée, quand on tente de faire plusieurs choses à la fois.
🧠 Plusieurs zones du cerveau sont mobilisées quand on fait attention :
- Le cortex préfrontal, qui nous aide à rester concentré,
- Le thalamus, qui fait passer ou non les infos sensorielles,
- Et le système limbique, notamment l’amygdale, qui fait entrer en jeu les émotions (ce qui nous touche attire notre attention naturellement).

En gros, si une info est jugée importante, nouvelle, ou émotionnellement chargée, le cerveau a plus de chances de lui ouvrir la porte.
👉 Astuce pratique : on peut “préparer” le cerveau à apprendre en lui donnant les bonnes conditions : un environnement calme, une tâche claire, des pauses, et parfois une petite touche de nouveauté ou d’émotion. Comment mieux capter l’attention de son cerveau, de ses élèves, de ses collaboratrices et collaborateurs ? C’est exactement le genre de questions qu’on explore ici, ensemble. 😉
📌 À retenir : sans attention, il n’y a pas d’apprentissage. C’est la toute première étape pour que quelque chose puisse être compris, retenu, ou utilisé.
3. Mémoriser : graver l’information en profondeur
Une fois qu’on a capté l’attention… il reste à garder l’information. Et c’est là qu’intervient la mémoire.
📚 On imagine souvent la mémoire comme un tiroir ou une boîte où l’on stocke des infos. En réalité, c’est beaucoup plus vivant : la mémoire fonctionne comme un réseau dynamique de connexions neuronales. Et ce réseau évolue en permanence.
Quand on apprend quelque chose de nouveau, le cerveau passe par trois grandes étapes :
- L’encodage (on reçoit l’info),
- La consolidation (on stabilise cette info, souvent pendant le sommeil),
- Le rappel (on va rechercher l’info quand on en a besoin).
🧠 Ces processus activent plusieurs régions du cerveau, comme l’hippocampe, qui joue un rôle clé dans la consolidation des souvenirs, ou le cortex qui les organise sur le long terme. Chaque rappel d’un souvenir renforce – ou modifie – les connexions associées. C’est pour ça que réviser est plus efficace que relire. Ah bon ? Mais relire un cours, c’est le réviser, non ? Oui…. mais ça ne permet pas le fixer dans le cerveau de façon durable ! L’un fait appel à la mémoire passive, l’autre à la mémoire active.
💤 Mémoire passive | 🚀 Mémoire active |
---|---|
Lire ou relire un cours | Se tester, reformuler avec ses mots |
Survoler une leçon sans interruption | Répéter l’info dans le temps (espacement) |
Regarder une vidéo sans prendre de notes | Expliquer à quelqu’un, créer une carte mentale |
Copier sans réfléchir | Résoudre un exercice, répondre à un quiz |
👉 Quelques leviers puissants pour mieux retenir :
- Répéter l’information dans le temps (la fameuse “répétition espacée”),
- Faire appel à plusieurs canaux (écrire, dire, faire…),
- Dormir suffisamment, car une bonne partie du tri se fait la nuit,
- Et surtout, utiliser activement ce qu’on apprend.
📌 À retenir : on ne retient pas parce qu’on a relu 10 fois une leçon. On retient parce qu’on a manipulé l’information, qu’on l’a expliquée, qu’on l’a utilisée dans un contexte concret… et qu’on l’a réactivée plusieurs fois dans le temps.
4. Motivation et émotion : les moteurs cachés
On pourrait croire qu’il suffit de volonté pour apprendre… mais en réalité, ce qui nous motive et ce qu’on ressent pendant l’apprentissage jouent un rôle immense dans la façon dont notre cerveau enregistre les informations.
Depuis que je travaille avec ma fille sur ses cours, les maths semblent “rentrer” beaucoup plus facilement dans sa tête. Elle m’a même dit un jour : “T’es meilleure que mon prof !” – alors que je suis persuadée qu’il est très compétent. Mais ce n’est pas qu’une question d’explications : c’est aussi (et surtout) une question d’ambiance émotionnelle. Elle ne l’aime pas, lui, alors qu’avec moi, elle se sent plus en confiance, plus détendue… et ça change tout.
🧠 Du point de vue du cerveau, émotion et mémoire sont intimement liées. L’amygdale, une petite structure située dans le système limbique, agit comme un détecteur émotionnel : elle évalue si une information est importante ou non pour notre survie, notre bien-être, ou nos intérêts. Si c’est le cas, elle va renforcer la consolidation de cette information dans la mémoire à long terme.
La motivation, elle, est liée à un autre circuit : celui de la dopamine, un neurotransmetteur qui signale la récompense et l’anticipation du plaisir. Plus on ressent du plaisir ou de la satisfaction dans une activité, plus notre cerveau aura envie de revenir vers cette activité et d’y investir de l’énergie.
👉 En clair, on apprend mieux quand :
- on est curieuse, curieux et qu’on s’engage dans l’apprentissage,
- on ressent une émotion positive,
- on a le sentiment de progresser,
- ou qu’on comprend le sens de ce qu’on fait.
À l’inverse, un stress chronique ou une pression excessive peuvent bloquer l’apprentissage. Le cerveau passe alors en mode “survie” et déconnecte partiellement les fonctions d’intégration, de mémoire ou de raisonnement. C’est ce qui explique pourquoi certains décrochent face à un contrôle ou une prise de parole.
📌 À retenir : on n’apprend pas seulement avec la tête, mais aussi avec le cœur. L’émotion et la motivation ne sont pas des “à-côtés”, elles sont au cœur du processus d’apprentissage.
Conclusion : on apprend mieux quand on comprend comment on apprend
Apprendre, ce n’est pas juste “retenir”. C’est un processus complexe, vivant, profondément humain, où le cerveau se transforme, l’attention filtre, la mémoire construit, et l’émotion donne du sens.
Si on devait résumer :
- 🧠 La neuroplasticité montre que notre cerveau peut apprendre toute la vie, à condition d’être stimulé correctement.
- 🎯 L’attention est la porte d’entrée : sans elle, aucune information ne passe.
- 📚 La mémoire se nourrit de répétition, d’action, et de sommeil.
- 💡 L’émotion et la motivation donnent de la valeur à ce qu’on apprend… ou ferment la porte, si elles sont absentes.
Comprendre ces mécanismes, c’est déjà un premier pas pour mieux apprendre, mieux accompagner, ou mieux enseigner. Et ça permet aussi de déculpabiliser face aux difficultés : ce n’est pas “un manque de volonté” ou “un cerveau défaillant”, mais parfois juste un levier mal actionné.
👉 Dans les prochains articles, on ira plus loin :
- Comment mieux retenir ce qu’on apprend ?
- Pourquoi certains enfants (ou adultes) n’arrivent pas à se concentrer ?
- Quels sont les liens entre apprentissage et troubles comme le TDAH ?
💬 Et toi, qu’est-ce que cet article t’a appris sur ton propre fonctionnement ?
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J’ai hâte de lire ce que toi, tu en retiens.
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